Entretien avec Ana Cata-Chitiga : « Cette campagne avec l’Équipe de France m’a ouvert l’appétit ! »
0Née en Roumanie mais arrivée en France dès l’âge de 6 ans pour suivre sa mère, internationale qui venait de signer à Lyon, Ana Cata Chitiga est désormais le présent mais surtout l’avenir du basket féminin français. Multiple médaillée avec les Équipes de France jeunes dont la consécration a été ce titre en 2009 aux côtés d’Isis Arrondo, Amel Bouderra ou encore Marielle Amant lors de l’Euro U20, ce n’est pourtant qu’à 25 ans qu’elle a disputé son premier grand championnat avec l’Equipe de France A. Après avoir quitté le groupe France aux portes de la sélection définitive l’année dernière, Ana a cette fois-ci obtenu son billet pour la Turquie et la Coupe du Monde, une compétition au cours de laquelle, une fois encore, nous avons pu admirer les qualités qui la caractérisent, que ce soit la présence au rebond, la combativité ou encore la capacité à scorer, et où nous avons pu également mesurer sa belle marge de progression qui fera d’elle, à coup sûr, une joueuse majeure de l’Equipe de France d’ici quelques temps… Désormais de retour dans les Ardennes pour une deuxième saison au sein de l’effectif de Romuald Yernaux, elle réalise un début de saison tout à fait honorable avec 7.0 points, 4.7 rebonds et 11 d’évaluation (23′ de moyenne). Malheureusement blessée au mollet lors des 3 derniers matchs de son équipe (2 défaites, une victoire), la numéro 11 Carolo a désormais repris la course et pourrait même être de retour dès aujourd’hui pour la rencontre face au Nantes-Rezé Basket. D’ici là, elle revient avec nous sur ce qui fait son actualité, de l’Équipe de France à Charleville-Mézières. Entretien :

Ana Cata-Chitiga aux prises avec Brittney Griner lors de la Coupe du Monde 2014. (FIBA)
Daft Dunk : Le mondial 2014 était ta première compétition officielle sous le maillot de l’Equipe de France, qu’est-ce que cela représente pour toi ?
Ana Cata-Chitiga : C’était juste énorme, j’étais super contente d’y avoir participé. C’est une récompense du travail que tu fournis et porter le maillot de l’équipe de France fait toujours quelque chose !
D’un point de vue extérieur, on a l’impression que le mondial s’est très bien passé en ce qui te concerne… Quel bilan personnel en tirerais-tu ?
Oui en effet, pour une première compétition, je ne m’attendais pas à avoir autant de temps de jeu donc je ne vais surtout pas m’en plaindre ! Voila, maintenant c‘est passé, il faut se remettre au travail car ce n’est pas un acquis !
Et sur un plan collectif ? Même si le quart de finale était l’objectif annoncé, j’imagine que vous espériez, au moins secrètement, faire mieux qu’une 7ème place ? Bien qu’elle soit tout à fait honorable !
C’est sûr qu’on aspire à toujours mieux faire surtout avec le passé des Braqueuses. Mais pour beaucoup d ‘entres nous, c’était notre première vraie expérience au plus haut niveau donc c’est toujours difficile de s’évaluer. On finit 7èmes, certes, mais on a beaucoup de ressources et je pense que c’est encourageant pour la suite !
Finalement, on a l’impression que le tournant a été cette défaite face à la Turquie, non ? Surtout que c’est un match durant lequel on vous sentait tout à fait capables de ressortir vainqueurs… Que s’est-il passé après la mi-temps et lors de la fin de match ?
Oui, c’est un peu triste à dire mais notre compétition s’est vraiment jouée sur le premier match, et nous connaissions la suite si on perdait ce match et c’est ce qui est arrivé. C’est frustrant car au bout de la compétition tu le paies cher mais en même temps, les Turques ont une belle équipe et jouaient à domicile, cela joue énormément au plus haut niveau. On savait que ça allait être dur même si on avait beaucoup d’avance à la mi-temps. C’est regrettable mais c’est aussi ce qui fait que c’est du haut niveau.
En toute honnêteté, quel a été votre sentiment après votre victoire face au Canada ? N’y avait-il pas une déception intérieure en sachant que vous aviez au moins 99% de chances de jouer les États-Unis en quart de finale ?
Oui les US tu les bats une fois mais pas deux ! Après c’était soit elles, soit les Australiennes, certes plus abordables mais qui ont un très très bon niveau de jeu aussi, donc c’était compliqué dans les deux cas !

Ana au shooting LFB 2014. (basketLFB.com)
Tu démarres ta seconde saison dans les Ardennes après une première année où tu as eu un temps de jeu un peu limité même si ça allait beaucoup mieux vers la fin, n’était-ce pas un peu frustrant ?
Oui et non. Quand je suis arrivée ici, je n’étais pas au meilleur de ma confiance et au fil de la saison j’ai grappillé du temps de jeu, c’est comme ça, il faut toujours se battre et prouver que l’on peut rester sur le terrain.
Désormais Jacinta Monroe est partie mais Olayinka Sanni est arrivée et semblait démarrer avec le rôle de titulaire au poste 5 a priori… Tu as eu une discussion avec le coach à propos de ton rôle cette saison ?
Non nous n’en avons pas parlé, c’est vrai qu’aux yeux de beaucoup de monde, être dans le cinq majeur c’est important mais à partir du moment où j’ai du temps de jeu et que je fais bien mon travail sur le terrain, le reste est anecdotique.
Comment vis-tu cette « concurrence » ?
C’est une concurrence à moitié uniquement car nous sommes deux profils de joueuses très différents et nous nous complétons plus que nous nous concurrençons, après c‘est sûr qu’avoir Sanni tous les jours à l’entrainement, ça me fait bien travailler ! (Rires)
Finalement de part plusieurs facteurs (fautes rapidement sifflées contre Sanni, belles performances de ta part,…) tu as eu pas mal de temps de jeu en ce début de saison (23 minutes de moyenne) et tu as bien, voire parfois très bien, rentabilisé ces opportunités… J’imagine que tu dois-être plutôt satisfaite, non ?
Oui nous pouvons vraiment faire de belles choses cette année en tout cas c‘est ce que je souhaite à condition d’être régulières. Maintenant, pour ma part, j’essaie d‘apporter le plus à l’équipe et on verra par la suite. Mon but est de continuer sur cette voie là en tout cas.
D’une manière générale, le club a conservé la plupart de ses meilleurs éléments et a su se renforcer avec des joueuses talentueuses… Faire partie d’un effectif aussi fourni et, dans son ensemble, très complémentaire, ça doit-être très motivant, non ?
C’est vraiment le top, oui, car on est toutes différentes, on peut toutes apporter notre petite touche personnelle, on travaille dans un bon état d’esprit et donc c’est très motivant.
Avez-vous discuté des objectifs de la saison avec les dirigeants ?
Non pas vraiment… Mais le but est de faire mieux que l’an passé et j’aimerais bien qu’on passe le premier tour d’Eurocoupe.
Et toi, t’es-tu fixée des objectifs ? Après avoir goûté à une compétition avec l’Equipe de France, j’imagine que l’on souhaite bien évidemment y retourner…
(Rires) C’est sûr oui, et comment ! Le fait d’avoir été prise m’a vraiment ouvert l’appétit et j’espère encore progresser pour tout d’abord être rappelée l’an prochain puis pourquoi pas refaire partie du groupe car le plus dur reste toujours à venir ! Pour l’instant j’évolue étape par étape, cela viendra en temps voulus.

Le selfie des Flammes Carolo lors de l’Open. (basketlfb.com)
Si tu devais nous décrire en quelques mots le club des Flammes Carolo et l’atmosphère qui y règne, que nous dirais-tu ?
C’est un club qui s’est agrandit au fil des années, qui franchit des étapes et maintenant est installé en LFB. C’est un club assez familial où il y a des valeurs qui sont respectées et ça me semble important.
Tu es dans un club autour duquel il y a une vraie ferveur lors de chaque match dans la salle de Bayard ou même lors de l’Open où les supporters étaient également très présents… Jouer dans une ambiance comme celle-ci doit être vraiment appréciable, non ?
Je ne vais pas dire le contraire en effet c’est vraiment le top qu’on ait des supporters toujours fidèles, présents lors des matches à domicile, et d’avoir un vrai engouement autour d’une équipe féminine ! Ce n’est pas toujours le cas malheureusement.
Plus généralement, entre les Flammes qui vont disputer la première campagne européenne de leur histoire et les garçons de de l’Étoile qui sont remontés en Pro B cette année (bien qu’ils fassent « l’ascenseur » depuis quelques années), le basket semble prendre une ampleur toute particulière à Charleville, c’est aussi comme ça que vous le ressentez ?
Oui, cette année c’est bien tombé pour les deux équipes et pour les amateurs de basket, on peut dire qu’ils sont gâtés! C’est important pour la ville aussi.
Cet engouement se poursuit-il en dehors de la salle Bayard, dans la ville elle-même, quand vous marchez dans les rues par exemple ?
Un peu seulement, les gens restent assez discrets dans l’ensemble et c’est bien aussi. Apres je pense qu’ils ils se doutent bien ce que je fais vu ma taille ! (Rires) En ce qui concerne la communication dans la ville il y a de vrais efforts faits à ce niveau là alors c’est cool.
Pour terminer ce petit passage sur les supporters et pour conclure cet entretien, as-tu un petit mot à adresser à leur adresser en ce début d’une nouvelle saison ?
Continuez à venir aussi nombreux, c’est toujours un plus quand vous nous supportez ! Et merci aussi du bruit que vous faites ça intimide les adversaires! (Rires)